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Comment (ré)activer la vie biologique du sol ?

C’est la question que se pose (ou devrait se poser) toute personne qui souhaite faire pousser du végétal dans son sol. On sait aujourd’hui qu’un sol travaillé pendant un certain nombre d’années est un sol qui a perdu sa matière organique – l’ensemble des « acteurs » de la vie biologique. Que faire en face d’une terre bien caraméleuse (1), tassée, nue… ? Il faut attirer ces fameux « acteurs » et avant tout: les vers de terre, car ils sont en tête du peloton des travailleurs de la vie du sol. Comment les attirer? On les attire de la manière dont on attire tout animal: en lui donnant à manger.

En couvrant le sol de matière organique fraîche, donc non encore décomposée, on met en route un x-ième sens des vers de terre lesquels sont capables de faire plusieurs dizaines de mètres pour aller chercher à manger.

Quelle matière organique choisir pour cela ? On évitera les matières trop azotées dans un premier temps (comme la tonte de gazon ou bien un fumier de bovin) pour s’orienter vers les matières carbonnées comme la paille, le foin, le bois (copeaux de bois ou BRF), ce dernier ayant le rapport carbone/azote le plus important.

A titre d’exemple, nous cultivons depuis peu une serre dont la terre bien caraméleuse est une terre rapportée, restée nue et en friche pendant 3 ans, non arrosée; donc sans humification et sans matière organique, niveau de vie biologique au plus bas. Afin de pallier à ce déficit à court terme et pouvoir assurer une saison de culture, nous avons fait un apport assez massif de compost, matière organique arrivée au stade final de décomposition, (si on résume: très peu de carbone, mais très riche en azote, donc ce qu’il faut pour nourrir la plante, à défaut de nourrir le sol).

Apport de 40m3 de compost sur 1000 m2 de serre.

Avec ça, la saison était assurée. Mais……

Plants de tomates grimpant à 3,5 m et ayant produit 10 kg/m2

Mais après, sur le long terme, comment activer la vie biologique?

Nous avons donc fait un apport massif de bois fragmenté (déchets verts passés par le broyeur, au stade initial de décomposition).

Comme le bois a un rapport carbone/azote élevé, sa décomposition sera lente et immobilisera de façon temporaire l’azote, ce qui entraînera une « faim d’azote » et donc stagnation des cultures. Afin d’éviter ce phénomène, nous épandrons sur ces planches, dans 3 et 5 mois, une matière organique riche en azote, en l’occurence du fumier décomposé (3 mois) puis de la tonte de gazon (5 mois). Pourquoi ces matières là? Parce que c’est ce que nous avons sous la main. Cela provoquera des pics de minéralisation, donc une activité biologique très intense, mais cela empêchera la faim d’azote et nous permettra d’y produire des légumes à structure importante comme des choux ou des tomates (éviter les au système racinaire faible comme salades, haricots, …).

Ce n’est que 18 mois après l’épandage de la matière carbonée que l’activité biologique sera bien stabilisée; elle aura alors gagné en intensité de vie dans un rapport qui peut être 100 fois le degré de vie biologique initial.

On parle ici d’intrants massifs, concrètement: 7 tonnes de bois fragmenté pour 250 m2 de surface cultivée, ce qui équivaut à 300 t/ha. Cela paraît – et est – beaucoup, mais c’est à ce prix là qu’on peut redonner vie au sol de façon très rapide et efficace, l’essentiel étant de savoir gérer le processus afin d’éviter la faim d’azote.

(1) La couleur est en partie parlante. Un des éléments coopérant fortement à la structuration du sol est l’humus. L’humus est l’ensemble des sécrétions formées par la vie animale du sol (en grande partie – mais pas que : les déjections des vers de terre). L’humus est par nature une matière organique gluante, collante, ce qui permet une meilleure structuration du sol et donc une grande résilience. L’humus est de couleur noire.